CAMPAGNYOLO #2 J’ai voulu voir la mer

Palermo, nov 2022

13/ Le vent dans le dos est un cadeau de la nature incroyable. Dans le bouquin que je lis actuellement (Les corps glorieux, Auguste CHEVAL, récit de voyage à vélo d'Istanbul à Lausanne, style un peu trop exalté et ampoulé à mon goût, mais quelques passages très justes), il y a ce moment où l'auteur parle du cycliste comme de l'animal le plus proche de l'oiseau, par sa connaissance du vent et des autres éléments dans lesquels il évolue et fait face. Je me rappelle particulièrement d'un vent soufflant perpétuellement du côté nord de Perpignan, tandis que je remontais mon biclou douloureusement d'Espagne. Je devenais fou, j'enrageais, écume aux lèvres, criant, jurant contre le ciel, et ma douleur au genou abrégerait peu après ce massacre. Eh bien, de Mâcon à Lyon, j'avais le feu sacré derrière moi. Les moulinés étaient faciles, la chaine déployée sur le plus petit pignon roucoulait de plaisir sur le plat et je traçais ma route à travers l'Ain, sous des éclaircies encore timides, après des jours de flotte en continu qui ont eu fini de rendre mes deux paires de chaussures pestilentielles. Une dernière côte bien raide donne l'accès aux pentes lyonnaises que je dévale en direction de Part-Dieu où m'attend Paul, copain tatoueur rencontré il y a bien des années à Paris grâce à Hélèna, qui m'accueille chez lui pour la nuit.

Je n'ai jamais aimé Lyon. Je cache mon explication derrière sa façade éminemment fasciste, mais en vérité, je ne m'y sens pas bien comme je ne me sentirais pas bien dans une copie pâle et rétrécie de Paris. Début avril je sortais de cette gare parce que j'avais une heure d'attente avant de remonter dans un train pour Lille, et je me prenais en pleine gueule le flot continu de gens affairés, pressés de rentrer chez eux, préoccupés, soucieux, tristes ou malheureux, passant sans la relever parmi une cour des miracles mendiant elle aussi son salaire de la journée. Cela a tout simplement achevé mon sentiment que Lyon avait tout de la panoplie de ville répugnante. Pourtant, grâce à la compagnie de Paul et de sa copine Marie, puis le lendemain de Jeremy, j'y ai passé un moment agréable, entre amis. Le dimanche matin, Paul et Jeremy se joindront à moi pour m'escorter hors de la ville. Après une trentaine de bornes nous abordons les bords du Rhône où une voie cyclable (la Via Rhona) me conduira jusqu'Avignon dans quelques jours. Je quitte Jeremy, puis Paul, après un burger à midi, et chemine désormais seul, toujours plus au sud.



14/ Le vélo individualise. Mais surtout il autonomise.



15/ Souvent, enfin parfois, sur la route, lors de vos arrêts, des gens osent vous demander ce qu'ils trépignent de savoir. D'où vous venez, où vous allez comme ça, plus rarement pourquoi. Cela impressionne. Tous sont sous le choc d'imaginer un zig rouler de si loin à si éloigné. Seul en plus. Parfois, certains me révèlent leur envie commune de se libérer et alors, la seule réponse qui me vient, c'est que vous le pouvez, presque tous, si vous en rêvez, avec un peu de volonté. Pour en parler, je prends régulièrement ce petit exemple, calqué sur mon expérience : votre grand-mère vit toujours, mais à 50 bornes de chez vous. Cinquante bornes sont à moins de 4 heures de selle si vous y allez sans vous pousser et vous n'imaginez pas le bonheur qu'elle aura de vous voir devant sa porte, dégoulinant de sueur, mais heureux de la retrouver et d'avoir fait tout ce chemin non seulement pour elle, mais pour vous aussi. Cette vie sur les routes peut être difficile ou pénible, mais j'ai toujours un petit pincement au cœur quand ces personnes me souhaitent une bonne chance ou un bon courage, parce que je ne pourrais pas vivre un instant de ces vies, de ces assurances, de ces courses pour toute la famille, des pots entre collègues qui succèdent au travail vampirisant. Car moi, je fais ce que j'aime au fond. Je divague et je trace des tangentes sur les cartes. J'ai eu cette idée de livrer une série de portraits imprimés, pris l'année précédente à plus de 1600 bornes de Lille, et j'ai donc pris mon vélo parce que c'était la chose la plus juste qui me semblait avoir à faire : redonner ce qu'on m'avait offert, tenir ma propre parole. Aujourd'hui, 15 mai, peu de doutes subsistent en moi quant au fait que j'arrive au terme de ce voyage.



16/ Personne ne vous attend en haut des sommets. Personne ne vous congratule quand vous passez la ligne fictive de votre arrivée, à l'endroit où vous poserez votre bardas et votre tente pour la nuit. Personne ne vous remet de trophée ou de médaille honorable à la fin de votre étape. Personne ne sait que c'est dur, ou combien ça fait mal, enfin, personne ne sait vraiment ce que ça fait, dans les virages en épingle où vous poussez mètre après mètre votre charge, dans les longs faux plats où vos jambes vous supplient de ne pas garder votre allure et à slalomer entre les débris de verre sur la bande d'arrêt d'urgence d'une nationale. Mais de temps en temps je reçois des petits encouragements. De ma famille, de quelques gens qui pensent à moi ou me suivent sur Instagram, voyagent peut-être de la sorte, un peu, avec moi. Et tout d'un coup je ne roule plus seul, l'iPod crache du Fugazi ou que sais-je, et j'avance ressuscité. Alors merci à vous.

17/ Je m'arrête à Mauves, une grosse dizaine de kilomètres avant Valence, dans un jardin d'enfants tandis qu'une grosse couverture noirâtre recouvre le ciel. Je pense à Faustine, La Mauve. Le vent se lève, les premières lourdes gouttes commencent à tomber alors que les parents reprennent leurs chiards par le bras et que moi je reste là, seul, parce que personne ne me dit où me cacher. J'avise de l'autre côté d'un filet d'eau un appentis ouvert dont le toit en taule pourrait me protéger. Deux vieux engins agricoles ont fini d'y dessécher, je rentre le vélo sous l'abri et je me rends vite compte qu'en l'état je n'ai pas la moindre chance d'y passer la nuit : le vent s'y engouffre trop brusquement et nulle place pour s'y étendre. Alors je trouve trois palettes le long d'un hangar attenant. Des deux premières je fais mon sommier et de la dernière une palissade où j'étends pêle-mêle plusieurs bouts de toit d'une matière que j'imagine être de l'amiante mais n'en est sûrement pas (je serais bien incapable d'en reconnaître à dire vrai). En quelques minutes ma cabane de môme est prête, je m'y étends, exposé aux courants d'air et aux curieux, mais j'y dors quelques heures tout de même. À moins de ne plus rien avoir à perdre, dormir dehors n'est jamais reposant. Je pars tôt avec pour idée de passer un peu de temps à Valence et d'y prendre mon petit-déjeuner. J'y arrive avant 9 heures, un lundi matin, le centre domine la ville mais ne retient pas mon intention et je file le long du Rhône, encore. Malgré son balisage, son calme et son revêtement rarement dégueulasse, je me sors de la piste cyclable, agacé des tours et détours qu'ont imaginé les ingénieurs pour offrir aux promeneurs un itinéraire au plus proche du fleuve, d'une rive l'autre. Je rejoins la D86 qui me propulse à La Voulte, vent toujours favorable, toutes voiles dehors, puis traverse Cruas et son odeur d'animal en décomposition (peut-être son usine de chaux?) et finit par déjeuner à Montélimar tous rideaux baissés, pire qu'un dimanche, dans un petit resto vietnamien rebelle et de qualité. Visiblement tout ouvre à 14h par ici. Dans l'après-midi je continuerai à descendre doucement, ayant déjà roulé 60 ou 70 bornes dans la matinée. Avignon n'est plus très loin et apparaît déjà sur les panneaux de direction.



18/ L'Ardèche et la Drôme se partagent entre le Rhône qui coule indolemment. D'un côté, l'Ardèche cache ses terrains accidentés entre monts rocheux et vergers abondants, découvrant ça et là une dentelle de bric et de broc où s'entassent maisons à demi-finies ou caravanes, matériaux en vrac et voitures montées sur parpaings prenant le soleil. Fraises et cerises sont déjà en vente sur le bord des routes et je regrette de ne pas m'arrêter au stand d'un couple de vieux qui ne doit plus avoir grand chose à se dire. De l'autre côté du cours d'eau, les appellations vignobles défilent et le département affiche sur ses panneaux d'entrée ce slogan de femme délaissée « La Drôme, apprendre à la connaître, c'est apprendre à l'aimer ». Malgré l'avertissement de Jeremy sur le fait de passer Valence et de sentir l'air du Sud (où sont ces champs de lavande dont tu m'as parlé?), il me faudra attendre quelques kilomètres avant Avignon pour enfin sentir cette odeur douce et chaude, chargée en parfums qui remplit les poumons et annoncent déjà la Provence toute proche.



19/ Il n'est pas tout à fait exact que d'écrire que ce sport force l'humilité. Je veux dire que même si on vient nu face à la montagne stoïque et qui se dresse de tout son long, la gravir puis la redescendre pourra, au même titre que n'importe quel effort ou prouesse, être motif à vanité. De là naît le concours de pénis qui régit ce petit monde cycliste où les uns et les autres se défient en faisant le compte de leurs exploits l'air crâne et baroudeur. Pourtant, il me semble ne pas pouvoir tirer beaucoup de gloire de cette seconde traversée de la France en solitaire. Au contraire même, je rougie de mes virtuelles statistiques journalières tout en craignant de ne pas être capable de voir à l'avenir plus grand, plus long, ou ne serait-ce que de les reproduire. Et c'est là que le cyclisme vous tape sur le museau car ma seule vanité, si j'ose, c'est de regarderinfine une carte et de revoir en rêve tout le chemin que j'ai pu parcourir entre deux de ses points. Qu'importe leur éloignement, il s'agit juste de se dire : « putain j'ai fait tout ça par mes propres moyens et j'en ai chié bordel », et cela correspond à une somme de bons ou mauvais souvenirs, ainsi que d'oublis et de rencontres.

Mais le vélo force l'humilité. Parce qu'on est seul, qu'on porte ce qu'on a décidé de se trimbaler et que chaque choix pèse ainsi doublement. Et quand on se retrouve à X kilomètres de là où on est parti, on a plus vraiment le choix que d'avancer, encore et encore, pour aller vers l'ailleurs, vers autrui. On peut réduire ses étapes, changer ses plans en fonction du relief, prendre des trains quand ça devient trop compliqué, reste que toujours on affronte les éléments. Qu'on est un simple jouet pour les vents qui viennent taper dans vos roues, vous couper la route ou vous rendre une journée invivable ; qu'on se dessèche sous le soleil et ne pense qu'à la dernière goutte d'eau dans le bidon ou au contraire se liquéfie sous les averses incessantes ; que la plus petite des montées vous paraîtra insurmontable et infinie en fin de journée ; bref, la route forme les cyclistes, au même titre que les marcheurs, et sont ses plus nobles arpenteurs car les plus fragiles et exposés. La route dit d'elle-même qu'elle est une quête toujours renouvelée à laquelle il faut se présenter humblement, parce que c'est elle qui décide aussi de votre avancée et que les bassesses et les raccourcis ne la rendront pas moins redoutable. Parfois, je maudis certains ingénieurs des routes qu'ils ont tracé à travers les monts et leurs dénivelés, et parfois je les remercie des paysages offerts malgré toutes ces difficultés. Douleur et plaisir sont les deux faces de cette même pièce.



20/ Après une nuit venteuse au bord d'un étang aux portes du village de Donzère, je repars profiter du Mistral soufflant sur la D86. Grand plateau, petit pignon, je déroge seulement à ce régime dans quelques cotes sans difficulté et file la plupart du temps dans les drops du cintre entre 35 et 45 kilomètres par heure. Le vélo, bien que chargé et pesant son poids, ronronne de vitesse une fois lancé. À Pont-Saint-Esprit, je revire le long du Rhône qui m'offre quelques bourrasques rebelles déstabilisantes, puis me réenfonce entre les coteaux pour un bout de N7 qui file tout droit en direction d'Avignon, l'objectif du jour. Je dois y arriver avant 13h, et y trouver un point wifi pour un entretien avec une conseillère d'un organisme privé mandaté par Paul Emploi pour s'occuper de ses feignasses de chômeurs. Je me pose dans un petit restaurant libanais et me paye pour l'occasion un demi de rouge du coin, pour trinquer à la santé de cette personne dont le tic de langage « alors voilà » m'explique qu'elle « poursuit les chômeurs » qui ont des « droits ET des devoirs » et qu'elle trouve mon environnement trop bruyant pour poursuivre ce rendez-vous, qui d'après mes brefs échanges écrits avec cette personne je le comprends, ne lui plait guère. De mon côté mon discours est simple, l'intitulé de son rendez-vous « pour un emploi durable » a beau être un programme séduisant pour la France des années 80, mais moi je broute ailleurs, dans le saisonnier, avec une promesse d'emploi et en pleine capacité de mes moyens d'en trouver une douzaine d'autres au besoin, alors voilà, moi aussi, je la remercie pour son temps précieux et sa haute mission, car elle a sûrement plein de jeunes gens désireux de découvrir les arcanes du sacrosaint CDI mais très peu pour moi les organes privés qui gangrènent notre secteur public.

À Avignon je retrouve un peu plus tard Jules, photographe tour à tour manceau, marseillais et parisien, fraichement débarqué ici pour se rapprocher de sa fille Maïa, 4 ans. Malgré les rafales de mistral qui s'engouffrent dans la ville, nous ferons un petit tour du charmant centre-ville dont je remarque que les lumières et découpes d'ombres aux murs sont aussi intéressantes que furtives, rapport au vent qui balaie tout ça dans la seconde. Enfin, il me conduit au famoso Pont d'Avignon et là, mes aïeux, difficile de ne pas cacher ma déception face à ces trois cailloux qui trempent dans le pédiluve. On y danse on y danse ? Je m'attendais à un bazar style Pont du Gard ou le Pont Charles, un truc qui claque un peu quoi, mais pas un chemin de pierre n'allant nul part ! Sur ce coup dur, je retaille la route, les étapes françaises ne se comptent plus que sur les doigts de la main, à moi Aix et Marseille.

21/ La chaleur exhale l'odeur du maquis. Un bref arrêt à Cavaillon à midi et je boucle ma route du jour, d'Avignon aux portes nord d'Aix. Il y a bien quelques tables de camping solitaires au fond d'un parc ignoré en bordure du virage de cette petite départementale aboutissant à Venelles mais c'est vers cette stèle en hommage à un résistant « lâchement assassiné par les soldats allemands » dont la base sert de pont à un famélique filet d'eau qui s'écoule paisiblement que je me tourne pour planter la tente. Au pied d'un frêne (identifié par une app de Yazou quand je me suis ouvert à elle à la fois de ma méconnaissance totale du sujet arboricole et de leurs blazes ainsi que de mon admiration des auteurs classiques quant à leur faculté de description et identification de la flore), la pluie commence à légèrement teinter la toile de tente. Elle sera tout à fait trempée quand il me faudra plier bagage une fois la nuit passée et je subirai le même sort tandis que je roule sur Aix avec pour destination Marseille pour cette courte route du jour (soit une trentaine de kilomètres). En ce jeudi de l'assomption pluvieux, je suis surpris de découvrir les rues d'Aix bondées et tous les commerces ouverts. C'est une jolie ville, très plaisante, quoiqu'un peu trop snob. Plus au sud, je suis la D8n qui conduit directement aux quartiers nord de la cité phocéenne. La frise d'immeubles, bouis-bouis, magasins délabrés et stores fermés défile longuement jusqu'à l'embranchement de hauts ferrys qui desservent tous les ports voisins. Je tourne en direction du centre ville et retrouve Hugo, un ancien élève de mon oncle Gérard, qui me logera deux nuits.

Que puis-je dire de Marseille ? J'ai longtemps peu aimé cette ville, me sentant en insécurité, sur le qui-vive en permanence, sachant que certaines situations pouvaient s'envenimer très vite. Avec mon expérience d'autres villes méditerranéennes, mon appréciation et ma façon d'y être ont changé. Je me sens dorénavant plus à l'aise entre ses murs et dans ses ruelles, moins intimidé aussi. Entre deux bières Hugo me raconte ses sombres histoires de deal et de règlements de compte autour de la Belle de Mai qui ne viennent pas me rassurer, mais nous relativiserons tout cela lors d'une soirée au milieu de la diaspora bourgeoise parisienne, exilée à Marseille, depuis le Covid notamment. La ville se gentrifie elle aussi à son tour, vitesse grand V, et il n'est pas bien difficile de déceler qui des passants vient du coin ou de la capitale.



22/ Feu rouge à Avignon, un automobiliste, vitre baissée, me regarde avec insistance.

  • Vous avez toute votre vie sur le vélo hein ? {avé l'accent du sud bien sûr}

  • eh oui

  • z'allez jusqu'où comme ça ?

  • Sardaigne

  • ooopf

  • je viens de Lille

  • L'Isle-sur-la-Sorgue ?

  • Non non, Lille Lille.

  • Au nord là ?

  • Vi

  • Bobobobooooo, mais pourquoi ?

  • Eh bin... on a qu'une vie non ? Autant en profiter ?

Et là le mec m'a montré ses plus belles dents et tendu son pouce.

  • Franchement... chapeau, bonne route !

Coeur sur lui, il m'a refait ma journée.


23/ Petit guide pratique des aventuriers de tout chemin

Depuis que je fais mes gitaneries, quelques personnes sont venues à moi pour me demander des conseils en matière de vélo, d'équipement ou d'itinéraire. Bien souvent, je ne me base que sur mes propres expériences ou recherches pour les contenter, alors j'ai pensé qu'ajouter cette petite compilation d'informations à notre récit serait bienvenu, pour celles et ceux qui se sentiraient de prendre la clé des champs.

A/ Tronc commun

Primo, ça passe par de bonnes chaussures. C'est la base et une amie qui m'a suivi en Espagne avec une paire de Kalenji en a fait les frais par exemple. Il vous faudra marcher des heures, sur tout type de terrain, aussi je recommande par exemple des baskets de trail, si possible waterproof (l'imperméabilité n'existe jamais qu'un temps sous une averse, mais c'est toujours ça de gagné) ou en Gore-Tex style Asics ou consorts, marques de running ou d'outdoor. À cela une seconde paire, plus légère ou moins encombrante (mais fermée, pas des tongs ou vos Birkenstock de festivalier) est la bienvenue dans votre bardas et vous permettra de mettre vos pattounes au chaud et au sec en cas de première paire trempée.

Ajoutez deux tenues complètes : sous-vêtements thermique (on part sur du merino, ça garde le chaud et évacue la transpi, prend pas les odeurs, c'est magique), tshirt, gilet/polaire, un short et un pantalon (ça sert toujours en cas d'épisode climatique nul, certaines marques proposent des pantalons dont on peut dézipper les jambes à hauteur du genou pour en faire un short, ça peut être une bonne solution), cache-cou/foulard, sous-vêtements en quantité suffisante. De manière générale, on va privilégier des fringues légères, compactables, mais chaudes, qui sèchent rapidement, et le plus important, n'oubliez pas votre doudoune ultralight en duvet (Uniqlo vous en offre de correctes si vous savez couper des étiquettes). Vous n'imaginez pas ce que cet accessoire a changé ma vie de frileux fragile. Second indispensable, la veste imperméable ! Faut pas hésiter à claquer les ronds dans la couche qui vous évitera un rhume ou une pneumonie à la con, ou juste vous gardera au sec des caprices de dame nature. Si on roule, on regardera à ce que la veste aie impérativement des zips sous les bras pour bien ventiler la transpi, et à pattes, ça a aussi son utilité.

En bonus on peut ajouter une paire de gants (si on grimpe ou fait des cols c'est inévitable, même en été), une écharpe et un bonnet (ça sert), une banane pour fourrer ses effets personnels et une casquette naturellement.

Qui part à l'aventure doit être prêt à toute situation alors dans son sac on fout d'emblée :

  • briquet ou allumettes

  • couteau

  • cuillère (ou mieux, spork, cuillère d'un bout, fourchette de l'autre)

  • batterie externe

  • un matelas gonflable (Decat en fait un « ultralight » à 500gr, il fait le taf)

  • couverture de survie (deux c'est mieux, ça pèse air et ça peut sauver des vies, en tout cas on en installe une tous les soirs entre la tente et le matelas pour s'isoler du froid du sol)

  • un savon

  • brosse à dent/dentifrice

  • serviette light

  • une lampe frontale

  • un sac de couchage en duvet (j'y reviens juste après)

  • une gourde d'au moins 750ml (de préférence thermos, qui garde le chaud et le froid)

en bonus :

  • un liner en soie ou thermolite (c'est le drap que t'enfiles dans le sac pour gagner quelques degrés)

  • un spray au poivre pour ton autodéfense

  • une boussole si tu randonnes ramdon

  • une carte

  • un oreiller gonflable (tu peux utiliser ta doudoune sinon)

  • un réchaud (j'suis pas de cette école mais je comprends l'idée)

  • une trousse de premiers secours (je suis pas certain de l'avoir déjà ouverte une fois mais au cas où...)

  • une huile de massage à l'arnica (pour les muscles endoloris, utile quand on pédale)

  • des lingettes nettoyantes pour bébé (pour se curer le fion ou se défariner le museau, c'est la douche du routier)

  • une housse de pluie pour le sac à dos

  • un produit ou gadget anti-moutisque

  • un cabas/tote-bag (pour votre linge sale ou vos courses)

Concernant les duvets, pourquoi pas de garnissage synthétique (comme le Primaloft) ? Parce que c'est encore et toujours merdique et que ça garde toujours pas bien le chaud comme le font ces bonnes vieilles plumes. Conséquence directe ? Le prix. Les duvets en plume d'oie sont les plus chauds et les plus chers. Il ne faut strictement jamais se fier à aucune autre des quinze températures données par le fabricant que celle dite de « confort », car c'est celle minimum où vous dormirez pénard. Le reste c'est pour les Thierry qui se baladent en bras de chemise mi janvier dans ton collège, des gens pas humains, pas comme nous quoi. Second critère : le poids. Conséquence directe ? Le prix encore. Oubliez les bazars de plus d'un kilo et demi, le but c'est pas d'emporter la literie de chez grand-maman mais de voyager léger. Retenez ouailles qu'on a toujours tendance à en prendre trop, à surestimer nos besoins, notre charge et capacité à porter nos merdes. On embarque chaque fois trop. Pensez au chemisier qu'on aime beaucoup et qui vous irait si bien sur le bord de l'Adriatique, mais qu'en fait on le mettra jamais de peur de le salir ou de l'esquinter. Non la vérité c'est qu'on mettra souvent qu'une seule tenue, toujours la même, qu'on va la poncer et la rendre invivable, mais elle sera notre seconde peau et c'est pour ça qu'on veut des sapes de qualité comme même.
Question sac, je vous conseille les Millet, solides, fiables, mais certaines autres marques vous fourniront un équivalent d'aussi bonne facture. Il faudra vous faire à l'idée de partir avec un 45 litres en mode light et 55 ou plus si vous voulez emportez votre vie et quelques repas d'avance dedans.

Reste le morceau de la tente. J'ai tendance, même si je voyage solo, à recommander des tentes pour deux personnes, histoire non seulement d'être plus spacieux et confort mais en plus pour y caler nos merdes plus facilement. Dans le meilleur des cas, elles permettent même de manger en tailleur dedans et ça, c'est pas négligeable un jour de flotte. Même si on va prendre du poids et de l'encombrement avec le format duo, c'est un compromis à considérer pour notre confort quotidien. Rappelez-vous bien mes petits indiens que la route est maxi usante et que le peu de repos ou d'instant nutella que vous pourriez vous offrir sont hyper importants ! À la manière du reste, comme le duvet, visez ultralight, le budget duvet (200 à 300) est le même pour une bonne tente deux places, c'est un coût mais un investissement sûr pour de bonnes nuits en perspective. Indice de poids : moins de deux kilos pour la duo, c'est une affaire qui roule !

B/ Roulure

Vient la partie vélo. Je vous apprendrai pas l'adage « qui veut voyager loin ménage sa monture », alors même si des copains ont fait 500 bornes avec une poubelle sur roues et un sac à dos de vingt kilos, on choisit avant toute chose une monture adaptée à sa taille et ses besoins (est-ce qu'on va faire de la route, du chemin, les deux). Les réglages de taille sont importantissimes sur un biclou. Si votre position n'est pas bonne, ça va rapidement devenir un enfer pour vous de pédaler, vos muscles crieront pitié parce qu'ils seront inégalement sollicités. À cela, deux solutions : ou bien beaucoup de pratique pour connaître ses réglages, ou bien une étude posturale chez des professionnels qui vous diront exactement quelle hauteur de tige de selle il vous faudra, quelle longueur de potence etc. Dans le « bikepacking », il y a deux écoles si on exclut les zozos de l'ultra-endurance qui font des courses de 2000km avec le même slip pour 7 jours. Ou bien on charge à l'avant, ou bien on charge à l'arrière. De manière générale, il y a depuis quelques années un tas de solution pour la bagagerie, rack ou pas rack, sacoches fixées dans tous les espaces laissés libre par le vélo. Moi qui suis plutôt du genre cuissot jambonneau et tout en puissance, je préfère charger l'avant, perdant un peu en maniabilité, mais je ne suis pas certain qu'une règle puisse être établie suivant votre profil, faites comme vous le sentez. Question biclou, on part toujours avec pneus et chambres à air neufs avant un trip. On lésine à aucun moment sur la qualité et le prix de ces éléments primordiaux. Un bon pneu coûte entre 35 et 65 euros, on fait pas le radin et on sort la CB. On profite aussi du copain bouclard pour faire une petite révision avant de partir. Dérailleurs en place (venant de moi c'est un peu gonflé non?), vitesses qui passent bien, câbles de frein tendus. Et enfin, le grand jour arrive, on embarque sa trousse à outils (de quoi réparer une crevaison, au moins une chambre à air en rab, un multi-tool, une clé à rayon, quelques cerflex, un dérive-chaine et une pompe puissante). Le problème du vélo c'est que passé un certain degré d'embrouille, il ne vous sera sans doute pas possible de la réparer seul (cf mon dérailleur arrière parti swinguer dans la roue arrière). On emporterait bien un pneu supplémentaire, ou des câbles de frein et de dérailleur (ça peut casser et quand c'est le cas c'est bien la merde), mais je pense qu'il faut aussi savoir subir ces moments de faillite de la machine et de désespoir du pilote. Quand vient le roulage, l'important est d'aller à son rythme, de rouler tranquillement, avec des étapes croissantes en difficulté et longueur, le temps que le corps s'aguérisse. Les chaussures automatiques sont recommandées surtout si on croise du dénivelé, c'est une invention formidable, et dans ce cas, on embarque juste une paire de baskets pour les moments à terre. Rappelez-vous que pour rouler au mieux sur la durée, vous devez vous hydrater et vous nourrir régulièrement pendant l'effort.
Avec la position, le cuissard et la selle sont trois des plus importantes parties du bon déroulé de votre voyage à vélo, surtout si vous n'en avez pas l'habitude. Malheureusement il n'existe pas de méthode simple pour vous recommander une marque ou une forme de selle plutôt qu'une autre, car d'expérience, certaines vont convenir à un cycliste, et les mêmes autres non. À l'évidence, je recommanderai pour la distance une selle évidée afin d'éviter des douleurs supplémentaires au niveau du périnée. Quant au cuissard, il s'agit d'un investissement à également prendre en compte car la plupart sont faits pour des sorties de 50 à 100 kilomètres, hors vous, ce qu'il vous faudra c'est viser le confort ultime du canapé fait couche culotte, car il vous faudra refoutre les jambes dedans jour après jour. Visez des marques comme Asos, même en seconde main, ça vaudra toujours mieux qu'un cuissard stylé qui ira avec votre ensemble. Selon votre constitution et le tannage de votre cul, celui-ci pourra sauter au bout d'un certain temps en selle et deviendra plus encombrant qu'autre chose. Là vous saurez que vous êtes un vrai cycliste, non j'déconne.

C/ Manger, camper

Que ce soit à pieds ou à vélo, on brûle tout un tas d'énergie. On finit par ressentir ce truc un peu primitif, un retour aux besoins essentiels, manger quelque chose, boire, chanter en selfie pour TikTok, trouver un endroit serein pour dodo la nuit, et quelques rudiments d'hygiène (où chier et pisser tranquille sans qu'un loup vienne vous croquer le fiac, considérant la douche dans un fond d'eau comme un luxe). Là-dedans, suivant si vous traversez la route des friteries du Nord-Pas-de-Calais ou la Creuse un dimanche, faut faire gaffe à toujours embarquer quelques trucs à grailler. On a toujours au moins une ou deux barres céréalières qui trainent dans le fond du sac et un brin d'eau dans la gourde. Quand vous n'êtes pas certain de vos prochaines étapes ou de l'ouverture des commerces locaux, popop, plat du pied, sécurité, on achète un ou deux repas d'avance à la supérette qu'est là. Pour ma part, ayant une peur bleue des sangliers bien représentés dans les régions où je traine mes guêtres, je vous recommande de toujours acheter de la bouffe sous vide et emballée (pas de sandwich ou de pizza qu'un mammifère importun puisse sentir à des kils à la ronde). Je vous recommande aussi de ne jamais laisser vos déchets trainer, et si c'est pour la nuit, de les emballer dans une poche et de les suspendre à un arbre à bonne distance de votre tente. Emportez toujours avec vous un paquet de mouchoirs et des lingettes nettoyantes pour bébé pour vos cacas sauvages accidentels ou urgents. Ou pensez à prendre une petite avance dans les chiottes que vous croiserez, c'est toujours mieux avec que sans. Et pour le papier plein de caca, pensez à ne pas le laisser sur vos déjections et laissez la nature faire son œuvre. En vrai, tachez de laisser l'endroit que vous trouvez tel qu'il était avant votre passage (ça veut dire pas d'empilade de pierre de babos, j'vous vois). Rappelez-vous que vous êtes en milieu sauvage, un milieu que l'homme à déserter il y a v'la le temps et que des Mike Horn ou des Antoine de Maximy qui le reconquièrent forcent l'admiration. Quand vous vous installez quelque part, c'est VOUS qui dérangez l'équilibre de cet endroit de nature avec vos odeurs immondes et votre grec encore en gestation, pas la nature qui viendra vous emmerder avec ses cris de belette et ses chèvres curieuses de l'odeur de vos pieds. Enfin, trouver un endroit où dormir relève parfois d'une sacrée guigne. Dans les grandes villes, c'est quasi impossible à moins d'être un street warrior passé par la case Vietnam. On pensera donc à bien s'en éloigner, car elles concentrent et génèrent tout un tas de problématiques et de rôdeurs qui disparaitront une fois l'horizon dégagé. De mon côté, j'aime assez squatter les bicoques ou cabanes abandonnées. On évitera de coller aux lacs et cours d'eau pour éviter la rosée du matin ou les arbres seulement s'il fait de l'orage, sinon ils sont de bons abris contre le vent et l'humidité. Si vous remarquez des traces fraiches de pneu ou d'animal, allez trouver un endroit plus éloigné, mais partez pas non plus à l'autre bout du monde pour risquer votre vie en cas de souci, le but étant toujours de reprendre la route le lendemain. Un petit point GPS peut être envoyé chaque soir à papa ou maman pour nous rassurer. Par ailleurs, si vous avez des envies de bouffe sur la route (glaces, cacahuètes, coca), écoutez-vous et récompensez-vous ponctuellement, car en mettant votre corps et un bon paquet de vos habitudes à rude épreuve, votre esprit – qui connait lui aussi l'effort et des conditions d'acclimatation et décision brutales – a également besoin d'être contenté de temps en temps.

D/ Positive attitude

Même si on rage, même si on se traite de crevure, d'enflure, de fils de pute, dans les pires montées, même si c'est dur, pénible parfois d'être seul et d'en incomber toujours à sa propre responsabilité pour tout ce qui nous arrive, il faut aller vers le voyage avec un simple « oui ». Retenez cette citation du marin Corto Maltese « je n'ai jamais dit non à un beau voyage ». Le voyage c'est simplement dire « oui, pourquoi pas ». C'est ne pas rester dans le pré carré confortable, mais aller voir au-delà. Et ça demande une sacrée paire de juste jeter un coup d'oeil au-dessus de la barrière, et c'est encore autre chose quand dans notre esprit, notre choix est fait, et qu'on part trois semaines avec trois guides touristiques en Corée du Nord. Non, sans déconner, tout le monde vous dit « wow, mais vous êtes courageux de faire ça », mais en vrai, je pense surtout que, pour ma part, si je ne le faisais pas, je m'en voudrais – à mort. Alors voilà, faites ces choses qui selon vous doivent être faites. À votre manière. L'aventure est toujours belle ou enrichissante, même quand elle capote ou que vous vous blessez. On fait des tas de rencontres qui nous changent et nous remettent un peu mieux les pieds sur terre, conscients de nos qualités, défauts et privilèges. Partir la première fois demande un investissement financier non négligeable, comparable à un bon gros mois de loyer, mais c'est un investissement durable et dont hormis la tente ou le sac de couchage, on peut toujours se procurer ou trouver en seconde main les éléments clés de notre survie. Il ne faut pas hésiter à s'arrêter dans une pente trop raide et pousser le vélo ou faire étape beaucoup plus tôt que prévu si vous êtes sur les rotules. Personne d'autre que vous-même ne vous jugera pour ça. N'hésitez pas un seul instant non plus à demander de l'aide, de l'eau, des renseignements aux gens que vous croiserez. En voyage notre position est celle de l'exilé, du suppliant, et ça redonne un bon paquet de foi en l'humanité de voir que la grande majorité des gens que vous rencontrerez ne sont pas d'immondes trous du cul refermés sur eux-mêmes et dont le seul but est de capitaliser pour le trou où ils seront enterrés, mais des gens prêts à vous filer un p'tit coup de pouce ou tenir le crachoir quand vous en aurez besoin. Je ne crois pas beaucoup au karma et être cool face aux événements qui arrivent demandera vraisemblablement plus ou moins d'efforts à certains, alors si vous vous retrouvez sur les routes comme ça m'arrive deux fois l'an, bin, pensez non seulement positif, mais aussi à tout le positif que vous générez autour de vous avec vos interactions. C'est à cette petite échelle que j'espère pouvoir faire bouger quelques trucs infimes et voir très concrètement les impacts de vos choix et rencontres me fait continuer en ce sens.
Quant au stop, je dirais qu'il y a presque une philosophie dans sa pratique. C'est mon mentor, Nono qui me l'a transmise, malgré lui si je puis dire, car il n'a jamais voulu m'enseigner quoique ce soit à ce propos. Une fois sur le bord de la route, le bonhomme – habituellement réservé – se muait en singe heureux et hystérique alpaguant tout un chacun avec un bon mot à leur égard. Faire du stop c'est accepter que trois cent individus aie mieux à faire que de ralentir, baisser leur vitre, et vous demander où vous allez parce que ça leur prendrait du temps, et que du temps ils en manquent (et vous pas). C'est accepter aussi son chauffeur, lui faire la parlote (parce que souvent c'est ce qu'ils aiment, vous êtes leur petit rayon de soleil sur la journée) et lui raconter quelques unes de vos histoires. Tout ça va de paire avec la Yes life, la positive attitude et c'est aussi une histoire de faire confiance à l'autre. Sans ça, j'imagine que vous n'irez pas très loin.

24/ Cela faisait un moment que je ne m'étais pas viandé à vélo. La dernière fois c'était l'année dernière, à peu près à la même période, et ça m'avait coûté une fracture de la tête de l'humérus gauche et un gros mois d'arrêt. Cette fois, j'ai échappé au pire, enfonçant maladroitement du pavé humide ma roue avant et mes kilos de bagages dans la rigole du rail du tram marseillais qui m'arrivait dessus. Une fois que c'est dedans, malheureusement y'a pas grand chose à faire que prier pour que les dégâts physiques et matériels ne soient pas trop importants. Je m'en tirerai avec un coude gauche bien râpé (mais les fringues intactes) et une belle plaie ouverte sous le genou. J'enrage de ma stupidité, de mon excès de confiance à rouler sur ces merdes de voies où je n'ai rien à faire. Plusieurs locaux s'enquièrent de mon état et un vieil homme se tient prêt à me rapporter des pansements, je le remercie abondamment tandis que le genou saigne librement. Une fois désinfecté, je remonte en selle et je quitte enfin Marseille par l'avenue du Prado, en passant devant le massif stade Vélodrome. Je rejoins Cassis via la Col de la Gineste, sans difficulté malgré les faisceaux rouges qui roulent le long de ma jambe gauche. Je me dis qu'au moins cette fois j'ai une bonne raison d'avoir mal au genou, mais étonnamment la douleur est modérée lorsque je pédale, je suis chanceux cette fois même si sur la chaussée humide je redouble d'attention. Arrivé à Cassis je retrouve mon cousin Emilien, un des deux fils de Gérard dont je vous ai parlé dans l'épisode précédent, et je déjeune avec sa petite famille puis garde sa fille Zumaïa d'un an et demi pendant une paire d'heures (oui oui je sais faire ça aussi bizarrement) avant de reprendre la route en direction du port de Toulon. J'y embarque en fin de journée sur un de ces immenses ferrys jaunes qui me livrera demain au nord de la Sardaigne. Je suis heureux d'avoir mené à terme ma traversée de la France, malgré l'accident du dérailleur et mes sérieux doutes quant à mes capacités d'aller au bout de ce projet un peu fantasque d'aller livrer des tirages photo à 1600km de ma ville d'origine mais maintenant je me dis que le plus dur et le plus beau restent à venir.

Merci à tous les gens qui m'ont soutenu, accueilli ou pris de mes nouvelles et à très bientôt.

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