Sobremesa

 

Ce mot m’a été glissé dans l’oreille par une argentine croisée à Barcelona. Il n’a pas de traduction littérale ou d’équivalent en français mais désigne ce moment après le repas où les convives restent à table, discutent et profitent les uns des autres. Ce mois de janvier, c’est le temps que j’ai choisi pour effectuer ma digestion de presque trois mois de voyage en Espagne, d’un col pyrénéen délivrant la Catalogne, aux routes de la pointe sud de l’Andalousie se jetant dans l’Atlantique. Avec ces images rapportées, j’aimerais faire de cette S O B R E M E S A un temps du souvenir mais aussi de partage en vous invitant à ma table. 

“Je ne sais pas si je vais ou s’il faut les fêter, mais ce mois de janvier signe mon entrée dans le club très anxiogène des trentenaires. Pour contrer la morosité ambiante, j’ai décidé de continuer à soigner le mal par un autre mal, plus salutaire, nécessaire: la photographie. Mais ceci n’existerait pas sans les périodes de doute et de confinement qui m’ont poussé à prendre la clé des champs, d’abord à vélo de Lille jusque Barcelone, puis en autostop jusque l’Andalousie accompagné d’une autre exilée.

Je n’avais jusqu’alors pas fait grand chose de ma vie, les études ne m’ont jamais souries et les hasards que j’ai rencontré ont rarement été heureux. J’ai en revanche publié à compte d’auteur trois petits objets d’édition photographique qui me remplissent de fierté. La photographie est un formidable moteur, même si ces temps incertains laissent infiltrer le doute partout. Elle permet la rencontre, la poursuite, la sortie du confort et la confrontation. Et j’avance ainsi, si je ne sais pas où je vais, je sais d’où je viens, je marche, encore, au devant, et je me dis en rembobinant l’ultime pose de ma pellicule, que peut-être, ces routes mènent à autre chose que nous-même.”   

 

Photographies réalisées entre octobre et décembre 2021 en Espagne.

Série présentée à l’occasion d’une exposition à La Ressourcerie à Lille entre le 6 et le 29 janvier 2022.